Déjà une dizaine de jours en Europe avec une pleine semaine en Bourgogne. La plupart des gens qui viennent en Bourgogne, recherchent les grands vins que produit ce terroir situé à mi-chemin entre Dijon et Lyon. Bien sûr que je pourrai mieux imager le pays qui produit le prochain Pommard, Côtes de Beaune, Meursault que je voudrai déguster lors d’une prochaine grande occasion. Je dis «prochaine grande occasion» car au prix où ils se vendent à la SAQ, ce ne pourrait pas être à tous les jours. C’est beaucoup plus Étienne, notre fils venu avec sa blonde qui pourra en profiter. Lui qui a démarré une petite entreprise d’importation privée de vin au Québec a fait des contacts et a développé son palais.
Le paysage bourguignon n’est pas composé uniquement de vignes. Bien au contraire, les vignobles des grands Bourgognes sont regroupés dans une zone relativement restreinte de la région avec Beaune comme centre, car la qualité prime sur la quantité, les exigences des appellations contrôlées limitent considérablement les productions! La Bourgogne est donc bien plus un paysage agraire, vallonné et verdâtre, tâché de blanc grâce aux représentants de la race bovine. Sans savoir pourquoi ce paysage nous est paru plus gai que celui de Normandie. Peut-être est-ce la richesse relative de la région qui transparaît?
Paraît-il que ces représentants de la race bovine sont des Charolais et qu’ils sont excellents pour leur viande. On n’y mange pas du bœuf bourguignon pour rien! Pinot noir et bœuf mijoté, c’est tout simple. C’est que nous avons préparé pour recevoir, lundi le 3 mai, nos amis venus expressément de Normandie, Michel et Guénola. Tous deux tapissiers à leur compte, ils ont pris deux jours de congé pour venir souper avec nous et faire 1300 kilomètres (en calculant l’aller et le retour). C’était presque gênant. Mais surtout quelle belle soirée nous avons eue avec ces deux moulins à parole normands qui m’ont souvent laissé sans voix !
Nous sommes venus aussi en Bourgogne, pour en savoir plus au sujet de la moutarde de Dijon. Comme il s’agit du premier condiment inventé par l’homme, j’avais une raison de plus de m’y intéresser. Mais à notre grand étonnement, cette moutarde ne fait pas l’objet d’une appellation contrôlé qui en fixerait les composantes et un terroir bien spécifique. N’importe qui dans le monde peut prétendre produire de la moutarde de Dijon. D’ailleurs, même ici les graines de moutarde viennent en grande partie du Canada! Le procédé est tout simple, comme on a pu le constater en visitant une moutarderie : on broie lentement les graines de moutarde, auxquelles on ajoute un peu de sel et du liquide. En gros, une partie de moutarde pour trois parties de liquide. Ce dernier est composé d’eau, de vin blanc (souvent du Bourgogne aligoté), et de vinaigre. À la maison c’est très facile de se faire sa moutarde : il suffit de ne pas faire chauffer la mouture en la broyant les graines pour conserver le côté piquant des graines de moutarde brune choisie (les graines blanches donnent une moutarde sans saveur, toujours jaune, comme les aiment les Américains).
Des Bourguignons commencent à faire la promotion d’une moutarde de Bourgogne qui serait composée de graine de moutarde provenant de la région et de Bourgogne aligoté. Je vous invite à lire les étiquettes sur vos pots de moutarde ou à vous faire moutardier, métier très populaire à l’époque.
Quelques mots sur la Suisse
À notre arrivée à Chemin-dessus, près de Martigny, François et Annette nous accueillent chez eux dans leur maison bicentenaire et nous font découvrir les environs. Au programme, il y a d’abord les combats de reine à Aproz au cours desquels les meneuses de chacun des troupeaux de vache du Valais et même d’autres cantons s’affrontent pour déterminer quelle sera la reine de toutes les vaches des alpages. Il faut les voir s’affronter en se heurtant la tête violemment pour faire céder du terrain à sa rivale. Un matin très tôt, François nous demandent, à Étienne et à moi, si on veut l’accompagner dans une escalade jusqu’à la Pierre Avoi, qui domine le Valais à plus de 2400 mètres. L’escalade est magnifique et la vue de cette vallée valaisane du Rhône à couper le souffle.
Encore cette année, nous aurons notre frayeur du retour avec cet autre volcan qui perturbe l’espace aérien. Partirons-nous comme prévu samedi matin de l’aéroport de Lyon? Pour la première fois, je ressens moins d’inquiétude. Est-ce comme l’histoire du loup dont on annonce en vain la venue, toujours est-il que je me sens davantage confiant.
C’est ce matin que nous quittons la Suisse pour s’arrêter deux jours à Annecy en Haute-Savoie. Annecy qu’on appelle la Venise des Alpes. Étienne et sa blonde s’y sont arrêtés et ont bien aimé. Plutôt que de faire la route en passant par Genève, comme ce fut le cas à notre arrivée, nous passerons par Chamonix et le col du Forclaz, histoire de varier le paysage.
Micheline fera donc sa dernière descente de la route escarpée jusqu’en plaine. Depuis notre presque accident, elle est restée inquiète à chaque fois qu’il nous faut emprunter cette seule route qui nous permet de quitter Chemin-Dessus. Lundi, plutôt que de prendre notre voiture, nous avons pris le car postal qui nous relie à la ville, histoire de partager leur quotidien. D’être avec les enfants qui allaient et qui, au retour, revenaient de l’école, fut un moment de bonheur avec ces rires des enfants dans cet autobus grâce auquel Micheline a pu, pour la première fois, profiter du paysage alpin.
De mon côté, mon inquiétude toute relative se porte sur les carences de mon ordinateur qui ne me donnera peut-être pas accès à l’internet depuis les hôtels que nous louerons jusqu’à notre départ. Ce courriel envoyé est un peu comme la cigarette du condamné. Je le goûte lentement et avec délectation.
De retour à Montréal, le séjour en Suisse prend une autre tournure car le véritable coup de cœur de ce voyage a été de retrouver des amis de longue date que j'avais hébergés à Montréal en 1986. Je veux parler de Claudine et de Serge que nous avons revus à trois reprises alors qu'on était en Valais. Certes, il y a eu la mine de sel de Bex, vieille de plus de 300 ans et qui souligne la nécessité pour les peuples qui n'ont pas d'accès direct à l'eau salée, de produire son propre sel, ingrédient indispensable de la vie. Mais comme on avait déjà visité la Suisse à deux reprises, c'est le plaisir de renouveler une amitié qui restera de ce voyage.
Un autre découverte est cette fleur qu'on appelle gentiane et dont les racines donnent ce magnifique digestif typiquement valaisan. Moi qui ai découvert ce digestif grâce aux Ribordy il y a des années, je peux enfin mettre une image sur cet efficace digestif!