2022 : UN RETOUR PRESQUE À LA NORMALE

2 janvier : Normand et moi échangeons des courriels qui parviennent à dissiper les nuages et les doutes qui se sont accumulés au-dessus de nos têtes.

5 janvier : Un courriel de mon collègue Justin Bur qui me présente un magnifique exemple d’une promesse de vente (une forme particulière de mutation foncière) m’amène à réorienter mes prochaines semaines de recherche et d’écriture : «Moi qui avais mis de côté il y a plus de six mois un article qui voulait faire le point sur le sujet à partir des promesses de vente de Philorum Simard dans La Pointe de Letang, tu me donnes le goût de me replonger dans ce texte».

Mi-janvier : J’écris à quelques collègues afin de vérifier jusqu’à quel point ils connaissent le mécanisme des promesses de vente qui a été au cœur des ventes des sociétés immobilières montréalaises il y a plus d’un siècle. Et à Justin je lui demande des conseils sur l’historiographie montréalaise et je m'empresse ensuite de me procurer le livre d'Olson et Thornton.

14 janvier : Notre ami Serge Rappaz que je vins de mettre au courant de notre projet de voyage à Paris pour l’automne, nous assure qu’il nous rendra visite si ce projet se concrétise. Privés de voyage depuis plus de deux ans on décide de se lancer en se fiant aux masques et aux tests de COVID qu’on amènera avec nous.

18 janvier : naissance de Rene Antonio Gaudreau, mon 2e arrière petit-fils. C’est ma petite-fille Camille qui me fait ce cadeau. Antonio ici sur la photo avec son frère Matteo.

20 janvier : Nous avons trouvé un appartement près de la Tour Montparnasse et avons conclu une entente avec la propriétaire.

22 janvier : J’écris à Normand : «Micheline et moi partons pour Paris du 24 septembre au 22 octobre. On y célèbrera son 75e anniversaire. Covid ou pas on avait besoin de ce projet de voyage pour passer au travers de la morosité et de la grisaille ambiantes.»

Dès le lendemain j’informe les membres de notre club de champignons que je serai absent pendant un mois, malheureusement au moment même où les champignons devraient être au rendez-vous.

24 janvier : Je propose aux Tours Kaléidoscope un autre projet de visite guidée qui porterait sur la famille et la carrière Miron.

31 janvier : Je soumets une première version de mon article sur Philorum Simard à la Revue d’histoire de l’Amérique française.

7 février : Je propose à Ivan des Tours Kaléidoscope une version remaniée de mon projet de visite.

12 février : Je discute avec Christiane Gouin de la Société d’histoire Rosemont-Petite-Patrie de la manière de présenter mes articles sur l’histoire de la Carrière Rhéaume (qui était située en partie dans le parc Maisonneuve). Dans le prochain numéro du Bulletin il est décidé que ce sera le portrait du travail traditionnel dans les carrières tandis que dans le numéro de l’automne ce sera l’histoire de la carrière Rhéaume en tant que telle.

14 février : À la responsable des loisirs de notre résidence, je propose une conférence sur l’histoire de la famille et de la carrière Miron, dès que la COVID le permettra.

Mi- février : Je reprends avec Normand nos sorties urbaines sur la rue Jarry, mais également dans Le Plateau en profitant de mes découvertes du parcours des Frères Miron. On convient de dîner ensemble lors de ces sorties en adoptant rapidement un restaurant salvadorien sur Jarry, «Las Palmas» .

23 février : Jean-Charles Cachon de l’Université Laurentienne m’écrit pour me rassurer au sujet de notre fonds de pension. L’engagement du gouvernement ontarien envers la Laurentienne a rassuré les milieux financiers et on peut envisager avec optimisme nos paiements de pension à venir. La Laurentienne ne fera pas faillite!

24 février : À la stupeur de tous, la Russie de Poutine envahit l’Ukraine, ce qui nous fait oublier pour un temps la COVID.

24 mars : Normand a présenté avec succès mon projet d’une conférence à la Société d’histoire Rosemont-Petite-Patrie. Elle est mise à l’horaire pour l’hiver 2023 et porte sur la famille et la carrière Miron. Autant battre le fer quand il est chaud!

25 mars : La Revue d’histoire de l’Amérique française me demande de remanier mon article en la transformant en une note de recherche de 5000 mots.

3 et 7 avril : Je donne ma conférence à deux reprises sur l’histoire du quartier et de ses carrières à notre résidence, rejoignant ainsi une soixantaine de spectateurs. Quelques jours plus tôt, j’ai testé avec Louis-Philippe et Nathalie un amplificateur de son que je me suis procuré grâce à un cadeau de Louis-Philippe. Je m’en sers pour les deux conférences et j’en ferai de même pour mes excursions des Tours Kaléidoscope.

4 avril : Je reviens avec la responsable des loisirs de ma résidence sur ma conférence de la veille en des termes qui me rappellent que la COVID est encore bien présente: «J’ai fait ma présentation avec un rhume, Je m’étais testé à deux reprises dans les jours précédents juste au cas. J’ai porté un masque tout le long de la présentation et tout le monde portait le leur. Les règles ont donc été respectées.»

5 avril : Je souhaite bonne fête aux jumelles de Val-d’Or, Suzette et Suzanne et je me plains bien égoïstement de nos problèmes de santé : «Les petits bobos de santé nous lâchent pas: mon hernie discale m’handicape encore tandis que Micheline a toujours des jambes chancelantes.»

13 avril : Je préviens le CRCCF que Micheline a deux autres boîtes d’archives à déposer dans son fonds. Dans les boîtes, elle a ajouté un inventaire détaillé de chacune des chemises, qui lui valent des félicitations de l’archiviste. Elles seront remises en mai après une visite chez André et Guillaume qui auront la gentillesse de se charger de les apporter à l’Université d’Ottawa.

15 avril : Dans un courriel je préviens les membres de notre groupe de champignons de la tenue d’une prochaine rencontre et leur signale que le champignon appelé nodule du cerisier est particulièrement abondant et visible au coin des rues Jacques-Casault et Joseph-Quintal.

17 avril : Je confie à Normand que je doute maintenant de la qualité de ma note de recherche que je destine à la RHAF : «Je m’attends à tout depuis que j’ai été refusé à deux reprises par la revue Labour/ Le Travail au cours des dernières années. Je me fais vieux et les jeunes loups qui ont pris les postes universitaires des retraités comme moi se montrent très exigeants et surtout très critiques vis-à-vis des textes qui ne sont pas aux goûts du jour. Peut-être aussi que je perds la main. Au moins je peux prétendre que je reste efficace en tant que conférencier.»

21 avril : Suzette nous donne des nouvelles alarmantes sur la santé de son chum maintenant rendu aux soins palliatifs.

1er mai : Normand m’indique que je peux creuser à ma guise la question du degré d’originalité des pratiques de vente immobilière de Dandurand (celui qui a donné son nom à la rue éponyme). Il ne compte pas aborder cette question dans sa conférence sur Rosemont.

16-17 mai : Normand et moi montons à Val-d’Or afin d’aller voir Jean-Guy à l’hôpital parce que ses jours sont comptés. Plus de 12 heures de route aller-retour pendant lesquelles on a fait le tour de nos projets et de nos familles. De longues visites à l’hôpital (où d’ailleurs je suis né) permettent de belles discussions avec un Jean-Guy lucide et conscient de sa mort prochaine qui m’a notamment assuré que sa blonde Suzette ne serait pas pénalisée car les nouvelles lois reconnaissent dorénavant les conjointes de fait. Jean-Guy va mourir une semaine plus tard, comme s’il avait attendu notre visite. Normand retournera à Val-d’Or pour les funérailles afin de donner un coup de main aux membres de la famille Parent en s’occupant notamment de l’éloge funèbre. Je prends conscience que sa mort signifie également que je devrai mettre un terme à ces voyages de pêche qui ont agrémenté plusieurs étés en compagnie de mon grand chum Normand.

28 mai : Nous allons rendre visite à André et Guillaume à Ottawa et on en profite pour apporter deux boîtes d’archives. Toujours aussi agréable d’être avec eux!

14-juin : Conférence de Micheline sur son séjour de deux ans au Maroc. Comme on l’a toujours fait dans pareille circonstance, on travaille étroitement ensemble en testant dans les jours précédents le contenu dans notre salon. Si je lui donne un coup de main pour faire la technique, traiter les illustrations et raccourcir certains passages, elle livre seule sa conférence avec succès. Cela lui donne le goût d’en faire une deuxième…

20 juin : De retour d’une belle sortie de champignons la veille, j’écris à un des membres Daniel Charrier qui a pris de belles photos et notamment d’un champignon que je ne n’avais jamais vu et qui abondait dans le boisé Saint-Sulpice, le xylaire du bois.

30 juin : Je préviens Suzette que je n’assisterai pas aux funérailles de Jean-Guy et que je n’accompagnerai pas Normand à Val-d’Or.

1er juillet : Je me confie à Normand que ma décision de ne pas y être est liée entre autres à la santé de ma blonde. Je me rends compte alors qu’elle souffre d’un début de troubles cognitifs et cela m’arrange sans doute de pouvoir dire que je ne peux pas me permettre une absence prolongée. Micheline, de son côté, est bien consciente de son état et déjà elle mentionne qu’elle demandera, le moment venu, l’aide médicale à mourir. Le même jour je prends une photo à l’aurore depuis mon balcon.

Juillet : J’ai décidé de faire un livre sur l’histoire des carrières de Montréal à partir de différents textes de conférence et d’articles publiés. Le dernier chapitre sera certainement consacré aux Miron.

6 août : Elisa donne naissance à une fille prénommée Amelia Theodora. Ma quatrième petite-fille a les cheveux de sa mère et quelques mois plus tard Elisa m’apprend que sa fille a beaucoup de tempérament.

9 août : Conférence de Micheline sur ses semaines d’enseignement à Pékin en 1986 avec encore une belle assistance. J’y joue le même rôle que pour celle de juin.

25-27 août : Micheline et moi allons passer quelques jours à Kamouraska où Jean-Claude a loué un gîte. En route, on arrête dîner chez François et Annette à Montmagny. François en profite pour m’amener dans une de ses talles de Cèpes d’Amérique tout près de leur résidence. Quel beau cadeau!

26 août : Jean-Claude a invité Philippe et Anne un couple très sympathique qu’on a connu lors du voyage au Japon. On a bien rigolé. J’ai pris un grand plaisir à évoquer avec Philippe nos travers et nos émois de l’époque où nous étions de jeunes adolescents curieux de découvrir le corps des femmes.

Fin août : Louis-Philippe nous informe que Monique, celle qui a élevé Nathalie, est mourante.

30 août : Mon ami Michel Lacombe accepte de lire mon manuscrit sur l’histoire des carrières de Montréal. Il se joint pour cette tâche de lecture à un résidant de notre RPA, Jean-Guy Marsan. Leurs commentaires me permettront de corriger le tir et sans doute de clarifier des passages peu compréhensibles.

Septembre : Micheline et moi se préparons pour notre voyage à Paris. Je dois appendre la procédure afin d’apporter dans nos bagages la chaise roulante électrique avec nous. Air France offre un excellent service en ce domaine. Les batteries devront être retirées de la chaise pour être apporter à bord et la chaise nous suit jusqu’à l’embarquement de sorte qu’elle est mise dans la soute à la dernière minute, garantissant son arrivée à bon port.

3 septembre : J’écris à Étienne et à Marjolaine afin de leur mentionner mon inquiétude au sujet de la maladie de leur mère.

Le même jour Normand m’indique qu’il est revenu ragaillardi de son voyage de 5 jours aux États-Unis. Au cours des semaines précédentes, il a mis un terme à sa collaboration avec la SHRPP tout en leur remettant une copie de sa colossale banque de données sur l’histoire foncière du Vieux-Rosemont. Il peut ainsi quitter la tête haute et fier du travail accompli.

22 septembre : Départ pour Paris. Ce voyage a été raconté ailleurs et en détail sur mon site sous le titre Paris en chaise roulante à l’automne 2022.

Je retiens avec du recul ce plaisir d’accéder gratuitement à tous les musées visités, y compris Le Louvre où nous irons à deux reprises.

Début octobre : Je donne un coup de main à Louis-Philippe et Nathalie depuis Paris afin de produire un montage photographique sur Monique qui est décédée juste avant notre départ. Je passerai quelques heures sur une vieille version de Photo Shop à travailler des photographies de différents formats.

11 novembre : Ma blonde a eu un rendez-vous téléphonique avec notre médecin de famille. Elle dresse par écrit un bilan de sa santé assez sombre que j’ai conservé dans mes archives. Sans qu’elle et moi puissions en avoir pleinement conscience l’amour de ma vie est à un point tournant de son existence.

12 novembre : C’est le début de notre exposition de photographies des champignons du quartier. Cette fois, c’est le rez-de-chaussée qui accueille 120 photographies maintenant suspendues. Le coup d’œil reste impressionnant. Pour l’occasion une invitation aux résidants du quartier a été lancée. Malheureusement à peine une demi-douzaine de personnes habitant les rues voisines viendront admirer nos photos.

Fin novembre : Elisa et Étienne et leurs enfants nous rendent visite. Une photo de ma blonde et d’Amelia me rappelle cette belle rencontre.

16 décembre : À Normand, j’évoque la possibilité d’ajouter un chapitre à mon manuscrit sur l’histoire des carrières de Montréal en traitant de la carrière Francon.

18 décembre : Dans un courriel envoyé à François et Annette je leur témoigne de ma déception de voir ma famille si peu intéressée par ce que Micheline et moi avons fait durant toute notre vie : «La famille grandit avec maintenant 2 arrière-petits-fils et 6 petits-enfants. Dans le lot peut-être en aurons-nous un ou une qui s’intéressera un peu à ce que Micheline et moi avons fait tout au long de notre vie professionnelle. Nos livres, nos recherches, nos passions ne leur disent strictement rien.» Alors que moi, je me suis beaucoup intéressé à ce que mon père faisait, faisant même de la forêt où il avait travaillé la moitié de sa vie, le sujet de mon doctorat. Et mon père qui vénérait mon grand-père avait décidé très jeune de faire le même métier en devenant lui aussi chauffeur de chaudière. Et en boomer que je suis, je conclus que «la génération d’aujourd’hui est d’un égoïsme désolant.»

Ce soir-là, Marjolaine et Maxime nous reçoivent pour fêter Noël. Une photo post-covidienne qui montre une famille où il manque Camille, son chum et ses enfants.

20 décembre : Micheline a fait une demande auprès de son médecin de famille afin de pouvoir consulter une gériatre pour qu’on puisse poser un diagnostic. Elle craint qu’elle puisse être atteinte de la maladie d’Alzheimer, ce drame dont souffre son frère Robert à un stade avancé. Mais les infirmières de l’Institut de Gériatrie de Montréal (qu’elle a rencontrées et qui ont eu de longues rencontres avec elle) ne croient pas que les symptômes décrivent la maladie tant redoutée.

30 décembre : Micheline travaille à plein temps sur la correction et la révision de mon manuscrit sur l’histoire des carrières et attaque le 7e chapitre.

31 décembre : André et Guillaume nous font l’immense bonheur de venir fêter le Nouvel An avec nous.