Début janvier: J’échange plusieurs courriels avec l’archiviste du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) afin de m’assurer que Micheline et moi obtiendrons une bonne évaluation pour la valeur du don de nos archives personnelles. Je m’attendais à ce que la valeur de nos 16 boîtes bien remplies soit beaucoup plus élevée que celle qui sera finalement attribuée. Mes attentes avaient été gonflées en quelque sorte par les commentaires élogieux d’une autre archiviste du CRCCF nous avaient adressés lors de la réception des boîtes.
Avec du recul, je retiens la grande subjectivité du processus d’évaluation des fonds d’archives, mais surtout que Micheline et moi sommes très heureux que nos archives soient préservées, car pour revenir à un commentaire que je faisais le mois précédent, le manque d’enthousiasme de notre famille pour notre travail professionnel n’augurait rien de bon pour ce qui serait
advenu après notre décès de nos manuscrits, de nos ébauches, de nos lettres et courriels, en somme de nos «écrits». Il y avait bien eu Justine, six ans plus tôt, qui avait longuement interrogé Micheline sur son roman Léa. Mais depuis, silence radio… sauf que les choses allaient changer.
Janvier : La conférence prévue pour le 5 février occupe une partie de mes journées. Non seulement je la pratiquerai à quelques reprises devant Micheline et je l’ajusterai afin de tenir compte de ses commentaires, mais je dois revérifier certains éléments.
C’est dans ce contexte que j’apprends l’existence de la Photothèque nationale de l’air à Ottawa. Je mets ainsi la main sur une photographie aérienne captée en 1930 à 12 000 pieds d’altitude dans le secteur de la Montée Saint-Michel (MStM) et de la Côte Saint-Michel (CStM) dont le tracé sera repris 30 ans plus tard par le boulevard Métropolitain. Délimitée avec des tirets orangés la carrière Francon à ses débuts et avec des tirets bleus, ce qu’allait être la première carrière des Frères Miron.
5 février : Je livre ma conférence devant une cinquantaine de personnes. Micheline en assure la technique. Parmi les personnes présentes, il y a, pour mon plus grand bonheur, notre fils Étienne et sa conjointe Elisa.
Février : Estimant avoir eu un succès certain, je continue mes recherches dans l’histoire de la carrière Francon qui deviendra un nouveau chapitre de mon manuscrit mais également le sujet d’une conférence à la résidence ORA. Pendant une partie de ce mois, je cherche des illustrations dans les journaux et dans les sources que je connais afin d’étayer visuellement le sujet qui se veut une suite de l’histoire du quartier présentées le printemps précédent.
8 mars : Rencontre avec Luisa, la responsable des loisirs d’ORA, pour discuter de la date de la conférence mais également pour évaluer les mérites et la faisabilité
d’une série d’ateliers en histoire que j’offrirais chaque semaine à la résidence. Elle propose deux dates pour la conférence soit le 16 et le 18 avril et m’informe que les ateliers devraient être offerts plutôt l’été alors qu’il y a moins d’offre d’activités.
11 mars : À dix jours de l’équinoxe du printemps je prends cette jolie photo du lever du soleil.
5 avril : Le matin, on annonce un important verglas. Par prudence, j’augmente le chauffage de notre appartement de 2 degrés et en
après-midi l’électricité du quartier est interrompue. La panne aillait durer 50 heures sans qu’on ait eu froid. Ce jour-là, Micheline et moi approchons la table à dîner près des fenêtres afin de maximiser la lumière et entreprendre un casse-tête sur Paris. Pendant 3 jours, faute de télévision et d’ordinateur, il nous sert d’exutoire.
16 et 18 avril : En combinant les deux présentations sur la carrière Francon, je rejoins près de 50 personnes dont un ancien employé de la carrière. Et je profite de l’occasion pour annoncer mes ateliers d’histoire.
Louis-Philippe, Nathalie et Justine assistent à celle du 16 et, bien sûr, cela me réjouit grandement. Quelques heures auparavant on a partagé un repas avec eux et on a pu entendre Louis-Philippe et Justine jouer de la guitare
26 avril : Je demande à Renée Lebeuf, une experte canadienne en identification de champignons, si elle accepterait de me donner un coup de main avec certains champignons répertoriés dans le quartier. Elle accepte sans hésiter.
15 mai : Un courriel à Luisa fait le bilan des premières remarques que Renée Lebeuf m’a adressées sur notre inventaire : elle « m’a permis de retirer de notre inventaire deux photos car on avait déjà ce champignon dans notre inventaire mais photographié à un autre stade de développement. Deux autres photos de champignons ont dû être rebaptisées. Trois champignons que je n’étais pas parvenu à identifier ont, grâce à elle, trouvé leur nom.»
20 mai : Étienne et Elisa nous ont très généreusement invités à passer deux semaines à Nice; ils ont loué un grand appartement dans le Vieux-Nice avec une magnifique vue de la baie des Anges. On pourra lire le récit de voyage ailleurs sur ce site. Je retiens également de ce voyage cette phrase de l’artiste Ben Vautier lors de la visite du Musée d’Art Contemporain qui m’apparaît fort juste: «La gloire c’est des emmerdements»! J’ajouterais que mieux vaut la chercher seulement par absolue nécessité et avec beaucoup de circonspection.
20 juin : J’ai convenu avec Luisa que mes ateliers d’histoire d’une durée d’une heure se tiendront chaque mercredi à 13h30 et qu’ils commenceront le 5 juillet. Je passerai l’essentiel de mon été à les préparer avec l’aide de Micheline. Dans le bulletin du mois de juillet distribué aux résidents, on peut lire que cette journée-là «à la salle de cinéma aura lieu une présentation au sujet de futurs ateliers d’histoire sur le web. L’animateur de ces ateliers est un résident d’ORA, Guy Gaudreau. Ces ateliers d’initiation à diverses sources d’information en ligne auront lieu par la suite à chaque semaine le mercredi à la même heure. Celles et ceux intéressés devront avoir une tablette afin de pouvoir accéder à ces nombreux outils disponibles sur le web.»
Fin juin : Micheline donne à son tour une conférence à notre résidence sur la naissance du cinéma. Elisa, qui a clairement le sens de la famille, y assiste avec sa soeur et nous donne un coup de main inespéré afin de faire face
aux problèmes techniques survenus lors de la diffusion de certains extraits de vieux films. Je participe à la conférence puisqu’on a décidé de se partager les propos à livrer. Malgré quelques livraisons de la conférence qui s’étaient déroulées dans notre appartement sans aucun pépin, on ne peut qu’ assumer les ratés techniques qui ont terni la présentation.
Dans le numéro du Bulletin de la Société d’histoire de Rosemont-Petite-Patrie qui vient de sortir je signe un article dont je suis très fier et qui remet en question le rôle innovateur d’un personnage central de l’histoire de Rosemont Ucal-Henri Dandurand (et qui a même donné son nom à une de ses rues).
5 juillet : Je renvoie une nouvelle version de ma note de recherche à la Revue d’histoire de l’Amérique française à la suite de belles remarques que m’a adressées son rédacteur en chef Léon Robichaud qui m’a poussé dans mes derniers retranchements.
12 juillet : Dès les premiers ateliers, je me rends compte avec Micheline (qui s’occupe de la technique) qu'on ne peut pas demander aux personnes qui assistent au cours d’aller en même temps sur certains sites notamment parce que la connexion Wi-Fi répond mal et que certains sites comme celui de la ville de Montréal coupent la connexion parce que deux douzaines de personnes ont demandé en même temps de consulter le même rôle foncier. Micheline trouvera la solution au problème en rédigeant après chaque atelier un aide-mémoire envoyé après chaque cours rappelant chacune des étapes vues en cours qu’ils pourront expérimenter chez eux.
24 juillet : Lors de ma marche matinale, je trouve sous
les chênes de la rue Legendre ces jolies helvelles laiteuses.
18 août : Je reçois des éditions du Septentrion une évaluation favorable de mon manuscrit sur l’Histoire des carrières de Montréal. Il reste à trouver du financement en le soumettant au Programme d’aide aux éditions savantes (PAES).
19 août : Cette journée-là en allant au bureau de poste, je tombe par hasard sur un autre champignon rarement photographié au Québec, le mutin élégant.
Fin août : On fête mon 70e anniversaire chez Étienne et Elisa. Tous mes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants sont avec moi et Micheline. Que demander de plus!
24 septembre : Nous avons décidé de retourner à Paris l’hiver prochain pour se donner un projet qui nous permettra de passer à travers la grisaille automnale; nous avons réservé pour le mois de février le même appartement que celui loué en 2022.
25 septembre : Robert, le frère de Micheline, décède alors que la maladie d'Alzheimer l'avait cloué au lit et avait rendu ses propos complètement incompréhensibles. Un grand vide nous envahit en pensant à Robert, lui qui, un peu plus d'un an auparavant, nous avait dit dans un rare moment de lucidité qu'il était absent de sa vie!
Début octobre : Je finalise mon manuscrit sur l’histoire des carrières en vue d’une soumission au PAES et à cette fin, je dois ajouter une bibliographie étoffée qui rendra compte de l’éventail des sources consultées.
14 octobre : Avec les conseils du professeur d’informatique de la résidence, Maxime Bouchard-Lévesque et avec l’aide de Normand, Micheline et moi entreprenons de produire une biographie en version électronique de Harry Bernard. Une biographie que je m’étais engagé à produire avec ma blonde il y a déjà quelques années. L’application que Maxime me propose s’appelle CANVA et j’apprends au fil des semaines les rudiments de la mise en pages et j'entrevois déjà les possibilités de publier à compte d'auteur
À tous les jours je parviens à monter entre 6 à 8 pages d’un manuscrit qui contient 12 chapitres: j'insère des notes de bas de pages, des illustrations, des légendes et des appels de note, comme on peut le voir avec la page 20 montée. Les chapitres ont été pour la plupart déjà publiés ici et là, mais certains sont des inédits.
11 novembre : C’est le début de notre nouvelle exposition des champignons du quartier à la résidence ORA avec 150 espèces différentes répertoriées.
Ce jour-là Micheline obtient, dans une clinique privée, un rendez-vous pour une imagerie par résonance magnétique (IRM), prélude à une rencontre avec sa gériatre.
16 novembre : Micheline a décidé de se départir de sa voiture; elle la vend ce jour-là à mon ami d'enfance, Michel Lacombe. Pour elle, c’est une immense perte d’autonomie et un deuil qui sera difficile à vivre.
Fin novembre : Nous avons une rencontre décisive avec la gériatre Frédérique Bordeleau-Roy. L’IRM cérébrale permet de diagnostiquer non pas la maladie d’Alzheimer, mais une variante de cette maladie appelée démence vasculaire. Pour la première fois, nous avons clairement vu à l’écran les dommages cérébraux à l'origine de ses pertes cognitives. On sort de là interloqués, mais un peu plus capables de faire face sereinement à l’avenir.
19 décembre : Je termine la première mouture de la mise en pages de notre biographie sur Harry Bernard. Quelques jours plus tard, la Fête de Noël chez Marjolaine et Maxime.
Fin décembre : Le Bulletin de la Société d’histoire Rosemont-Petite-Patrie publie mon article sur Georgiana Lépine qui fut propriétaire de quelques maisons dans le Vieux-Rosemont. Cet article rappelle mon grand intérêt pour l’histoire des femmes que je n’ai pas cessées d’intégrer dans mes recherches depuis le début des années 2000.
31 décembre : Pour notre plus grand bonheur, André et Guillaume se joignent à nous encore cette année pour célébrer le Réveillon.